Beaucoup de musulmans qui veulent apprendre la langue arabe ressentent une frustration : ils voient des enfants progresser à une vitesse incroyable, alors qu’eux-mêmes avancent lentement malgré les efforts. La question est légitime : pourquoi cette différence existe-t-elle réellement ? Et surtout, comment la surmonter lorsqu’on commence l’arabe à l’âge adulte ?
Les enfants apprennent vite parce qu’ils n’ont aucune barrière mentale
La première raison est simple : un enfant n’a pas peur de se tromper. Il n’a pas honte de mal prononcer, de faire des erreurs ou de répéter cent fois le même exercice. Cette absence totale de barrières mentales accélère l’apprentissage de manière spectaculaire. Au contraire, un adulte s’auto-censure, se compare, hésite, doute, et cela le freine dès le premier jour.
C’est exactement ce que souligne Ibn al-Jawzī dans « Sayd al-Khāṭir » (p. 207) lorsqu’il a dit : « Les débuts déterminent souvent la suite, et l’âme avance selon ce qu’elle se donne comme élan ». L’enfant avance sans frein, l’adulte se bloque lui-même.
Les enfants apprennent par immersion naturelle
Un enfant n’analyse pas la langue. Il l’imite. Il répète. Il absorbe. Sa méthode est instinctive. C’est ce qu’on appelle l’apprentissage naturel par immersion. Il entend, répète, corrige, recommence. Sans réfléchir à la grammaire. Sans chercher des règles. Sans se demander “est-ce que c’est juste ou faux ?”.
Un adulte, lui, intellectualise. Il veut comprendre avant de pratiquer, alors que la langue demande d’abord de pratiquer avant de comprendre. C’est une différence fondamentale.
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Les enfants n’ont pas la pression du résultat
Un enfant n’a ni rendez-vous, ni responsabilités familiales, ni soucis financiers, ni fatigue mentale accumulée. Il étudie sans pression. L’adulte, lui, pense à mille choses en même temps, ce qui réduit sa capacité de concentration.
De plus, l’enfant ne se dit pas “je suis en retard”, “je dois aller vite”, “j’ai honte de mon niveau”. Ce sont des pensées propres aux adultes qui sabotent leurs efforts.
Les enfants s’attachent au son avant au sens
La langue arabe est une langue sonore. Ses lettres, ses rythmes, ses prolongations, ses règles de lecture : tout commence par l’oreille. Les enfants apprennent d’abord le son. Les adultes essaient d’apprendre le sens tout de suite, ce qui complique tout.
L’imam Ibn al-Qayyim a expliqué dans « I‘lām al-Muwaqqi‘īn » (vol. 1, p. 47) que « la langue se saisit par l’écoute avant la compréhension ». Une vérité que les enfants appliquent naturellement.
Les enfants répètent sans se fatiguer
L’une des forces d’un enfant, c’est sa capacité à répéter indéfiniment. Il peut relire la même sourate dix fois. Répéter un mot vingt fois. Refaire un exercice sans s’en lasser. Un adulte, lui, se fatigue vite, s’ennuie, et croit qu’il “n’a pas les capacités”. Le problème n’est pas la capacité, mais la répétition.
C’est pour cela que les savants ont toujours insisté sur la mémorisation dans l’étude de la langue. Ibn al-Jazarī, dans « al-Muqaddima al-Jazariyya », a dit : « La récitation ne s’obtient que par la répétition ». Une règle valable pour le Qur’an comme pour la langue arabe.
Alors, un adulte est-il condamné à apprendre lentement ?
Absolument pas. Car l’adulte possède des avantages que les enfants n’ont pas.
- Il comprend mieux les règles.
- Il sait organiser son travail.
- Il peut établir un plan d’étude clair.
- Il peut comprendre la logique de la langue arabe.
- Il peut relier ce qu’il apprend à sa pratique religieuse.
En vérité, l’adulte peut aller beaucoup plus loin qu’un enfant, mais à condition de supprimer les barrières mentales qui l’empêchent d’avancer.
Comment apprendre plus vite à l’âge adulte ?
Pour atteindre un rythme proche de celui d’un enfant, il faut adopter leurs qualités :
- Accepter de se tromper
- Pratiquer avant de comprendre
- Répéter beaucoup
- Écouter énormément avant de chercher à analyser
- Étudier un peu tous les jours
Allah ﷻ dit : « Craignez Allah et sachez qu’Allah enseigne » (sourate al-Baqara, verset 282). Cette parole rappelle que celui qui est sincère, constant et patient sera aidé dans son apprentissage.
Conclusion : les enfants apprennent vite, mais les adultes apprennent mieux
La vitesse des enfants impressionne, mais la profondeur de compréhension des adultes est incomparable. Un enfant mémorise. Un adulte comprend. Un enfant répète. Un adulte structure. Un enfant absorbe. Un adulte connecte la langue à sa foi, à sa lecture du Qur’an, à sa compréhension de la religion.
C’est pourquoi apprendre l’arabe à l’âge adulte n’est pas une faiblesse. C’est une bénédiction. Tu avances moins vite au début, mais tu vas beaucoup plus loin ensuite. La clé est simple : constance, sincérité, organisation, répétition. Et surtout, ne jamais se comparer à un enfant. Compare-toi uniquement à ton toi d’hier.