Beaucoup de musulmans pensent que l’arabe est une langue réservée aux savants, aux étudiants en science, ou à ceux qui vivent dans les pays arabophones. Mais la réalité est bien plus profonde : l’arabe traverse les cinq piliers de l’Islam. Il est présent dans chacun d’eux, directement ou indirectement. Ce n’est pas une coïncidence, mais une preuve que la langue arabe est inséparable de la pratique de notre religion.
Premier pilier : la Shahada
La profession de foi est la porte d’entrée de l’Islam : Ash-hadu an lā ilāha illā Allāh wa ash-hadu anna Muḥammadan rasūlu Allāh.
Cette phrase doit être prononcée en arabe. Elle n’a pas d’équivalent parfait dans d’autres langues. Traduire « lā ilāha illā Allāh » par « il n’y a pas de dieu sauf Dieu » affaiblit le sens. En arabe, le mot ilāh désigne tout ce qui est adoré en dehors d’Allah, ce que ne traduit pas le mot français « dieu ». La shahada prouve que la base de notre religion repose sur des mots arabes, choisis par Allah ﷻ.
Deuxième pilier : la prière
La prière est le cœur quotidien du musulman. Et aucune prière valide ne peut être accomplie sans réciter al-Fātiḥa en arabe. Cheikh Ibn Bāz a dit : « Celui qui ne récite pas al-Fātiḥa en arabe n’a pas accompli sa prière, même s’il ne connaît pas encore la langue. » Les invocations, les takbīrāt, les tasbīḥ, tout est en arabe. L’apprentissage de cette langue n’est donc pas une option : il est directement lié à la validité de l’adoration la plus importante après la shahada.
Troisième pilier : la Zakāt
Certains pensent que la Zakāt est purement mathématique. Mais en réalité, comprendre les conditions de la Zakāt nécessite de connaître les termes arabes utilisés dans le Qur’ān et la Sunna : niṣāb, ḥawl, ʿāmilīn ʿalayhā… Ces mots ne se traduisent pas parfaitement et ont des implications juridiques précises. Sans arabe, il est difficile de saisir leurs sens exacts, et donc d’appliquer correctement ce pilier.
Quatrième pilier : le Ṣawm
Le jeûne du Ramadan ne se résume pas à s’abstenir de manger et de boire. Il est lié à des règles détaillées : imsāk, fajr, ghurūb, niyya… autant de termes arabes qui ont un poids juridique. Comprendre les hadiths sur le jeûne, comme : « Celui qui ne délaisse pas les mensonges et les actes d’ignorance, Allah n’a pas besoin qu’il délaisse sa nourriture et sa boisson » (rapporté par Al-Bukhārī), nécessite une base en langue arabe pour saisir les nuances exactes.
Cinquième pilier : le Ḥajj
Le pèlerinage est une adoration profondément enracinée dans l’arabe. Les rites sont accompagnés de formules arabes obligatoires ou fortement recommandées : Labbaik Allāhumma labbaik, les talbiyāt, les duʿāʾ. Les manāsik (rites) eux-mêmes sont expliqués dans les livres de fiqh avec des termes précis qu’aucune traduction ne rend correctement. Cheikh Ibn ʿUthaymīn a dit : « Le pèlerin doit apprendre ce qui lui est nécessaire en langue arabe pour accomplir ses rites selon la Sunna. »
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Une conclusion claire : l’arabe est partout
La langue arabe n’est pas un luxe. Elle n’est pas réservée à une élite. Elle est dans chaque pilier de l’Islam. Sans elle, la shahada perd de son sens, la prière perd sa validité, la Zakāt perd sa précision, le jeûne perd sa profondeur, et le Ḥajj perd sa conformité.
L’imam Ash-Shāfiʿī a dit : « Il est obligatoire à tout musulman d’apprendre l’arabe autant qu’il le peut, afin de témoigner que nul n’est digne d’adoration sauf Allah, et que Muhammad est Son messager, et de réciter le Livre d’Allah. » (Ar-Risālah)
Voilà pourquoi retarder l’apprentissage de l’arabe est une erreur. Chaque jour qui passe sans faire l’effort d’apprendre, c’est un jour où tu pries, jeûnes, donnes, et adores… sans goûter pleinement à la langue choisie par Allah ﷻ pour Son dernier message.