Introduction : un apprentissage noble mais exigeant
Apprendre à lire le Qur’an est l’un des plus grands honneurs qu’Allah ﷻ accorde à Son serviteur. Mais beaucoup de débutants, mus par un noble désir, tombent dans des erreurs récurrentes qui ralentissent leur progression et compromettent leur motivation. Allah ﷻ dit : « Et Nous avons certes rendu le Qur’an facile pour la mémorisation. Y a-t-il donc quelqu’un pour réfléchir ? » (Sourate al-Qamar, v.17). La facilité promise n’exclut pas l’effort, et c’est pourquoi il est essentiel d’éviter ces fautes.
Erreur n°1 : négliger l’apprentissage de l’alphabet
La première erreur est de vouloir lire le Qur’an sans maîtriser les lettres arabes et leurs formes. Beaucoup se contentent d’une reconnaissance approximative, ce qui entraîne des confusions graves entre des lettres proches comme س (sīn) et ص (ṣād) ou ذ (dhāl) et ز (zāy). Ibn al-Jazarī a dit dans son poème célèbre sur le tajwīd : « Celui qui ne prononce pas correctement les lettres commet un défaut. » Cela montre que la base de tout apprentissage du Qur’an repose sur une connaissance solide de l’alphabet.
Erreur n°2 : se précipiter sans méthodologie
Le désir de progresser vite pousse certains à lire des pages entières alors qu’ils n’ont pas encore acquis la bonne prononciation. Or, cela installe de mauvaises habitudes difficiles à corriger par la suite. Ibn Mas‘ūd رضي الله عنه a dit : « Apprenez pas à pas, et ne précipitez pas la révélation comme on secoue les dattes qui tombent. » Lire correctement quelques mots vaut mieux que de parcourir rapidement une page remplie d’erreurs.
Erreur n°3 : négliger le tajwīd dès le début
Certains pensent que le tajwīd est une science secondaire qu’on peut apprendre plus tard. Pourtant, lire sans tajwīd revient à déformer le Qur’an. Les savants ont expliqué que l’application des règles du tajwīd est une obligation individuelle (fard ‘ayn) pour chaque musulman. Ibn al-Jazarī a dit : « Lire avec tajwīd est une obligation, et quiconque ne lit pas correctement commet un péché. » Le but n’est pas d’atteindre la perfection dès le premier jour, mais de commencer avec la bonne orientation.
Erreur n°4 : s’appuyer uniquement sur la traduction
Un piège courant est de penser qu’on peut se passer de la lecture arabe en se contentant de la traduction. Mais le Qur’an en français n’est pas le Qur’an, c’est une interprétation de ses sens. Allah ﷻ dit : « Nous l’avons fait descendre en un Qur’an arabe, afin que vous compreniez. » (Sourate Yūsuf, v.2). Lire uniquement en traduction prive du goût authentique de la révélation et conduit souvent à des erreurs de compréhension.
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Erreur n°5 : manquer de régularité
Enfin, la plus grande erreur est le manque de constance. Lire une fois par semaine ou par mois ne permet pas au cerveau de retenir les lettres, les sons et les règles. Le Prophète ﷺ a dit : « Les œuvres les plus aimées d’Allah sont celles qui sont constantes, même si elles sont peu nombreuses. » (Rapporté par al-Bukhārī et Muslim). La régularité, même dix minutes par jour, vaut plus qu’une longue séance occasionnelle.
Conclusion : progresser avec discipline et patience
Apprendre à lire le Qur’an demande de l’effort, de la patience et une méthodologie claire. Éviter ces cinq erreurs — négliger l’alphabet, se précipiter, ignorer le tajwīd, dépendre de la traduction et manquer de régularité — est la clé pour avancer avec solidité. Celui qui persévère verra sa langue s’habituer aux lettres, son cœur s’attacher aux versets, et sa foi grandir à chaque récitation. Car chaque pas vers le Qur’an est une porte vers la miséricorde d’Allah.