Quand on se lance dans l’apprentissage de l’arabe, une question revient toujours : faut-il apprendre l’arabe classique (fuṣḥā), ou bien les dialectes arabes parlés dans chaque pays ? Beaucoup de francophones hésitent et finissent par s’éparpiller. Mettons les choses au clair, avec méthode et preuves.
Qu’est-ce que l’arabe classique ?
L’arabe classique, ou fuṣḥā, est la langue du Qur’ān, de la Sunna et des sciences islamiques. Allah ﷻ dit : ﴿ إِنَّا أَنْزَلْنَاهُ قُرْآنًا عَرَبِيًّا لَعَلَّكُمْ تَعْقِلُونَ ﴾ « Nous l’avons fait descendre, un Qur’ān en langue arabe afin que vous raisonn(i)ez. » (Yūsuf, 2). C’est donc la langue de la révélation, inchangée depuis plus de quatorze siècles.
Elle est utilisée dans les sermons, les écrits scientifiques et l’enseignement religieux. En apprenant la fuṣḥā, tu comprends directement le texte révélé et tu accèdes aux paroles des savants.
Qu’est-ce qu’un dialecte arabe ?
Les dialectes arabes (darija du Maghreb, masri d’Égypte, shāmī du Levant, khalījī du Golfe…) sont des langues parlées au quotidien dans chaque région. Elles ont évolué au fil du temps, empruntant aux langues locales et simplifiant la grammaire.
Elles permettent de communiquer facilement avec les habitants, mais elles n’ont pas de rôle dans le culte. Tu ne prieras jamais en dialecte, tu ne liras pas le Qur’ān en dialecte.
Le but détermine la priorité
Pose-toi une question simple : pourquoi veux-tu apprendre l’arabe ? Si ton but est de comprendre ta religion, lire le Qur’ān, saisir un cours de fiqh ou écouter un tafsīr, tu n’as pas d’autre choix que de commencer par la fuṣḥā. Les dialectes ne te seront d’aucune utilité dans ce domaine.
L’imam Ash-Shāfiʿī a dit : « Les gens n’ignoraient pas les divergences tant qu’ils restaient attachés à la langue arabe. » L’arabe classique protège la compréhension du dīn.
Les limites des dialectes
Beaucoup de francophones tombent dans ce piège : ils commencent par le dialecte parce qu’ils veulent voyager ou discuter avec leurs proches. Résultat : ils connaissent quelques phrases de politesse, mais restent incapables de lire une seule sourate.
Les dialectes sont utiles pour la vie courante, mais si tu t’arrêtes là, tu passes à côté de la véritable richesse : la connexion directe avec la parole d’Allah ﷻ.
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Le bon ordre d’apprentissage
Voici un chemin clair :
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Alphabet et lecture : consolider la base pour lire le muṣḥaf.
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Tajwīd et fluidité : lire correctement les sourates.
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Vocabulaire coranique fréquent : apprendre les racines et leurs dérivés.
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Naḥw et ṣarf de base : comprendre les structures grammaticales.
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Écoute et répétition : développer l’oreille en restant connecté au Qur’ān.
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Une fois ce socle établi, tu peux ajouter un dialecte pour tes besoins pratiques.
Exemple concret
Un étudiant qui commence par la fuṣḥā comprendra rapidement la prière, les invocations et les sourates qu’il récite chaque jour. Celui qui commence par le dialecte saura dire « comment ça va » en égyptien, mais restera incapable de comprendre al-Fātiḥa. La différence est immense.
Conclusion
L’arabe classique est ta priorité absolue. C’est lui qui ouvre les portes de la compréhension du Qur’ān et des sciences. Les dialectes peuvent venir ensuite, selon ton contexte. Mais si tu inverses l’ordre, tu perdras des années pour très peu de bénéfices spirituels. Choisis la voie des pieux prédécesseurs : commence par la langue de la révélation, puis ajoute les dialectes si nécessaire.