Apprendre l’arabe est une ambition noble, mais beaucoup de débutants progressent lentement sans comprendre pourquoi. Ils pensent manquer d’intelligence ou de discipline, alors que le problème vient souvent d’erreurs simples. Si tu les évites dès maintenant, tu gagneras des mois — parfois des années — dans ton apprentissage.
Allah ﷻ dit : « Nous l’avons révélé, un Qur’an en arabe clair » (Sourate Yūsuf, v.2).
Ce verset rappelle que la clarté de la langue est un bienfait. Pourtant, cette clarté disparaît dès qu’on adopte de mauvaises méthodes.
Découvrons les erreurs les plus fréquentes.
1. Lire sans comprendre les lettres : l’erreur qui bloque tout
La première erreur est de vouloir avancer trop vite. Beaucoup de débutants se précipitent sur des livres de grammaire alors qu’ils ne maîtrisent pas encore les lettres, leurs formes, leurs connexions, ni leurs points de sortie.
Pourtant, les savants ont insisté sur l’importance de commencer par la base.
Dans Tafsīr Ibn Kathīr (vol. 1, p. 39), l’auteur a dit :
« La compréhension du Livre repose sur la maîtrise de la langue. »
Et cette maîtrise commence obligatoirement par les lettres.
Si tu n’entends pas correctement la différence entre ع et أ, tu ne pourras jamais progresser naturellement.
Erreur à éviter : avancer sans avoir consolidé le fondamentaux.
Solution : répéter les lettres chaque jour, cinq minutes suffisent, mais tous les jours.
2. Vouloir traduire mot à mot : un piège typiquement francophone
Beaucoup pensent apprendre en traduisant chaque mot en français. C’est une erreur majeure.
En arabe, le sens dépend de la forme verbale, de l’ʾiʿrāb, du contexte, et parfois même du rythme.
Ibn al-Qayyim a rappelé dans Miftāḥ Dār al-Saʿāda (vol. 1, p. 122) :
« Celui qui s’efforce constamment dans une science finit par en goûter la douceur. »
L’effort consiste justement à analyser la phrase en arabe, pas à chercher le français immédiatement.
Erreur à éviter : dépendre de la traduction.
Solution : lire, analyser, comprendre en arabe, ensuite seulement traduire.
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3. Étudier avec 5 méthodes différentes en même temps
Les débutants passent d’un livre à un autre : une application, un PDF, une chaîne YouTube, puis un manuel de grammaire.
Ce désordre casse la progression.
Or, les savants ont toujours insisté sur la méthodologie.
Dans al-Fawāʾid (p. 96), Ibn al-Qayyim a dit :
« La science ne s’obtient pas par la dispersion, mais par la constance. »
Changer continuellement de méthode empêche cette constance.
Erreur à éviter : s’éparpiller.
Solution : choisir une seule méthode progressive et la suivre jusqu’au bout.
4. Commencer par le Tajwīd avant de savoir lire correctement
C’est l’une des erreurs les plus répandues.
Le Tajwīd n’a de sens qu’une fois la lecture maîtrisée.
Apprendre les règles avant de pouvoir lire une ligne sans erreur fait perdre du temps.
Les savants du Tajwīd eux-mêmes l’ont clairement rappelé.
Dans Tuhfat al-Atfāl (introduction), l’auteur précise l’ordre logique :
-
apprendre à lire,
-
ensuite appliquer les règles.
Erreur à éviter : étudier le Tajwīd trop tôt.
Solution : maîtriser d’abord la lecture syllabique fluide.
5. Croire que la compréhension viendra “instinctivement”
L’arabe n’entre pas dans le cœur par hasard.
Il se construit par étapes : lettres, mots, morphologie, syntaxe, puis textes.
Beaucoup veulent comprendre directement le Qur’an alors qu’ils n’ont pas encore appris 200 mots de base.
Cela mène à la frustration.
Erreur à éviter : vouloir comprendre trop tôt.
Solution : se concentrer sur le vocabulaire utile et graduel.
6. Négliger la répétition : le facteur n°1 de stagnation
L’arabe se retient par répétition, pas par exposition ponctuelle.
Tu peux étudier trois heures aujourd’hui, mais si tu n’y retournes pas demain, tu oublieras.
Ibn al-Jawzī a dit dans Sayd al-Khātir (p. 89) :
« Le savoir s’enfuit comme un animal sauvage, et la répétition est son cordeau. »
Sans révision, tout s’efface.
Erreur à éviter : réviser seulement “quand on a le temps”.
Solution : 15 minutes quotidiennes de consolidation.
7. Comparer sa progression à celle des autres
C’est l’erreur psychologique la plus destructrice.
Certains apprennent vite, d’autres lentement.
Mais la vitesse d’apprentissage n’a aucune importance : seule la constance compte.
La comparaison décourage et casse la motivation.
Erreur à éviter : se juger en fonction des autres.
Solution : mesurer seulement ta propre progression.
8. Ne pas pratiquer l’écoute quotidienne
Beaucoup pensent qu’apprendre l’arabe est uniquement une question de lecture.
C’est faux. L’écoute forme l’oreille, corrige la prononciation, et facilite ensuite la lecture.
Même si aucun savant ne cite explicitement cette méthode moderne, elle correspond parfaitement à un principe reconnu : apprendre par l’exposition constante.
Erreur à éviter : négliger l’écoute.
Solution : écouter 5 à 10 minutes de Qur’an ou de lecture claire chaque jour.
9. Lire trop vite, comme en français
L’arabe a un rythme différent.
Beaucoup lisent rapidement et avalent les lettres, ce qui mène à des erreurs répétées.
Or, la maîtrise de la lecture nécessite de la lenteur au début.
Erreur à éviter : se précipiter.
Solution : lire lentement, puis accélérer naturellement.
10. Sous-estimer la difficulté… puis abandonner
Le débutant pense que l’arabe viendra vite.
Quand il découvre les racines, les formes verbales, les déclinaisons, il se décourage.
Mais la difficulté initiale est normale.
Elle fait partie du chemin.
Conclusion : l’arabe n’est pas difficile, ce sont les erreurs qui le rendent difficile
En réalité, l’arabe n’est pas “dur”.
Ce sont des habitudes incorrectes qui bloquent 90 % des élèves.
Si tu corriges ces erreurs, tu avanceras plus vite que tu ne l’imagines.
L’arabe est une langue noble, logique, cohérente.
Elle s’ouvre à celui qui avance avec méthode, patience et sincérité.