Introduction : une réalité fréquente
Beaucoup de francophones se lancent dans l’apprentissage du Qur’an avec enthousiasme, mais se heurtent rapidement à un problème : des confusions récurrentes dans la lecture. Ces erreurs ne sont pas seulement phonétiques, elles touchent parfois au sens des mots, et donc à la compréhension du message divin. Comprendre ces erreurs, c’est déjà avancer vers une lecture correcte.
La confusion entre les lettres proches
L’une des erreurs les plus courantes concerne la difficulté à distinguer certaines lettres arabes qui n’existent pas en français. Par exemple :
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Ḍād (ض) et Dāl (د).
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Ṣād (ص) et Sīn (س).
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‘Ayn (ع) et Hamza (ء).
Un francophone peut lire « صراط » (ṣirāt) comme « sirāt », perdant ainsi la spécificité de la lettre. Or, Ibn Kathīr a dit que la précision de la récitation est une obligation, car elle protège le sens du Livre d’Allah.
Les voyelles courtes et longues
Une autre confusion majeure est liée aux voyelles. En arabe, la différence entre une voyelle courte et longue change parfois totalement le sens. Exemple :
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« ‘Alima » (il a su) ≠ « ‘Ālama » (il a marqué).
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« Maliki » (le possesseur) ≠ « Māliki » (le roi).
Beaucoup de francophones, influencés par leur langue maternelle, raccourcissent ou allongent de manière incorrecte. Ibn al-Jazarī, l’imam du tajwīd, a dit que « la récitation correcte se fait par la précision des lettres et la maîtrise des longueurs ».
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Les règles de tanwīn et de nūn sākinah
Les sons « un », « in », « oun » à la fin des mots perturbent souvent les débutants. Un francophone peut les prononcer trop fortement ou les ignorer. Pourtant, ces règles sont claires et enseignées dans le tajwīd. Sans les respecter, la fluidité disparaît et le rythme coranique est brisé.
L’oubli du ghunna (nasalisation)
La ghunna, ce son nasal caractéristique dans les lettres nūn et mīm, est souvent mal appliquée. Les francophones ont tendance à l’omettre ou à l’exagérer. Or, cette règle fait partie de la beauté du Qur’an. Ibn al-Jazarī a dit que la ghunna est une particularité qu’il ne faut ni effacer ni dépasser.
Les mots connus mais mal lus
Certains mots reviennent très souvent dans le Qur’an, mais les francophones les lisent avec des habitudes erronées. Par exemple :
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Lire « Allāh » sans insister correctement sur la lām mushaddadah.
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Lire « ar-Raḥmān » en allégeant le ḥā, ce qui diminue la force du mot.
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Lire « al-ḥamdu » comme « al-hando », influencés par leur accent.
Ces erreurs paraissent petites, mais elles déforment la Parole d’Allah.
Les influences de la langue française
Le français pousse souvent à prononcer toutes les lettres, alors que l’arabe supprime certaines en cas de liaison. Exemple : « wa-l-ḥamdu » se lit en liant le « l » et non en les séparant. De plus, l’accent français rigidifie la lecture alors que l’arabe est une langue souple et rythmée.
Comment corriger ces confusions
La solution n’est pas compliquée :
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Écouter les récitations des grands imams comme al-Husary, car ils sont des références en précision.
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Apprendre progressivement les règles de tajwīd.
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Prendre un professeur compétent pour corriger les erreurs dès le départ.
Comme l’a dit Ibn al-Mubārak : « La chaîne de transmission est une partie de la religion. Sans elle, chacun dirait ce qu’il veut. » Cela s’applique aussi à la récitation : sans professeur, les confusions se transmettent.
Conclusion : viser la précision avant tout
Les confusions des francophones dans la lecture du Qur’an sont réelles, mais elles ne sont pas une fatalité. Avec une intention sincère, un apprentissage encadré et de la persévérance, chaque musulman peut corriger ses erreurs et goûter à la beauté originelle de la Parole d’Allah. Ne laissez pas la confusion vous priver de la clarté du message divin.