Introduction : une confusion fréquente
Beaucoup de musulmans francophones lisent le Qur’an en traduction. Ils pensent parfois avoir réellement lu le Qur’an. En réalité, ils n’ont lu qu’une explication approximative de son sens. Pourquoi ? Parce que le Qur’an est uniquement en arabe, et aucune traduction, aussi soignée soit-elle, ne peut reproduire toute sa profondeur linguistique, rythmique et spirituelle.
Le Qur’an est révélé en arabe
Allah ﷻ dit : « Nous l’avons fait descendre, un Qur’an en arabe, afin que vous raisonniez. » (Sourate Yūsuf, v.2). Le Qur’an n’est donc pas simplement un message : il est une révélation avec des mots précis, choisis par Allah ﷻ. Traduire ces mots revient à transmettre une idée du sens, mais jamais le texte révélé lui-même.
Un savant a dit : « Toute traduction n’est qu’une interprétation, et jamais le Qur’an. » Celui qui lit une traduction ne lit donc pas la Parole d’Allah, mais la tentative d’un homme de la rendre accessible.
Les limites de la traduction
Prenons un exemple simple : le mot arabe taqwā. Certains traduisent par « piété », d’autres par « crainte révérencielle », d’autres encore par « protection ». En réalité, aucun de ces mots ne capture la richesse du terme. Celui qui se contente d’une traduction perd des nuances essentielles.
De plus, le Qur’an possède un rythme, des sonorités et des structures linguistiques impossibles à transposer. C’est ce miracle linguistique qui a défié les Arabes de l’époque et qui continue à défier l’humanité entière.
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Les conséquences d’une mauvaise compréhension
Une traduction approximative peut mener à des erreurs graves. Par exemple, certains traduisent « istawā » dans le verset : « Le Tout Miséricordieux S’est établi (‘istawā) sur le Trône » (Sourate Ṭā Hā, v.5), par « s’installer » ou « dominer ». Or, en arabe, le terme signifie « s’élever au-dessus », et les savants de la langue l’ont expliqué clairement. Une traduction erronée peut donc induire une croyance déformée.
Pourquoi apprendre l’arabe devient indispensable
Face à ces limites, il devient évident que le musulman doit faire l’effort d’apprendre l’arabe. Lire une traduction peut être une étape provisoire, mais cela ne doit jamais être une finalité. Celui qui veut goûter au vrai Qur’an doit revenir à la langue d’origine. Ibn Taymiyya a dit : « Comprendre le Qur’an dépend de la compréhension de la langue dans laquelle il a été révélé. »
Le rôle des traductions malgré tout
Faut-il alors abandonner toute traduction ? Non. Les traductions sont utiles pour donner une première idée du sens. Elles aident les non-arabophones à s’approcher du texte et à éveiller leur désir d’apprendre la langue. Mais elles ne remplacent jamais le Qur’an. C’est comme une carte : elle indique le chemin, mais elle n’est pas le voyage.
Une responsabilité spirituelle
Celui qui reste uniquement avec les traductions se prive d’un immense trésor. La langue arabe est la clé qui ouvre la compréhension correcte du Qur’an, de la Sunna et des sciences islamiques. Abū ʿUbayd al-Qāsim ibn Sallām a dit : « Rien n’est plus nécessaire à celui qui recherche la science que l’arabe. » Cela montre que la traduction ne peut être qu’un appui temporaire.
Conclusion : franchir le pas
Les traductions du Qur’an sont utiles, mais elles ne seront jamais le Qur’an. Celui-ci ne vit que dans la langue arabe. Lire une traduction, c’est lire une interprétation. Lire en arabe, c’est écouter directement la Parole d’Allah ﷻ. Voilà pourquoi l’effort d’apprendre l’arabe n’est pas un luxe, mais une nécessité pour chaque musulman.