Lorsqu’on débute l’apprentissage de la langue arabe, une question revient souvent : par où commencer ? Faut-il apprendre à lire avant d’écrire ? Faut-il développer sa compréhension avant de s’exprimer ? Ou au contraire parler dès le départ ?
La réponse à cette question est d’autant plus importante pour les musulmans francophones car la langue arabe n’est pas une langue comme les autres. C’est la langue du Qur’ān, des invocations, de la Sounnah, des livres de la croyance, du fiqh, du tafsīr et de toute la science religieuse. Apprendre cette langue implique donc un objectif bien plus noble que le simple dialogue : c’est comprendre la religion telle qu’elle a été révélée.
Commencer par la lecture : la base de tout
L’ordre le plus logique et le plus efficace pour un débutant est de commencer par la lecture. Lire l’alphabet arabe, identifier les lettres, les voyelles courtes et longues, savoir déchiffrer un mot même sans le comprendre. Cela constitue la porte d’entrée vers tout le reste.
Ibn Taymiyyah a dit : « Apprendre l’arabe est un devoir car il est lié à la compréhension du Livre et de la Sounnah. Et leur compréhension ne peut se faire qu’à travers la langue arabe. » (Iqtiḍā’ As-Sirāṭ Al-Mustaqīm)
Celui qui ne sait pas lire l’arabe reste dépendant de traductions. Il est limité dans sa capacité à vérifier les sources et à apprendre directement des savants.
Puis vient l’écriture : pour fixer durablement
Une fois la lecture acquise, l’écriture est un excellent moyen de fixer les connaissances. Elle permet de mémoriser le vocabulaire, de comprendre les formes grammaticales, de s’habituer aux mots.
Écrire les lettres, les mots, les phrases, rédiger de petits textes même très simples, c’est un acte de mémorisation actif qui renforce la lecture. Le Prophète ﷺ a eu des scribes autour de lui. L’écriture fait partie de l’héritage même de la transmission de la religion.
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Ensuite la compréhension : ouvrir le sens du Qur’ān et de la Sounnah
Une fois la lecture fluide et l’écriture correcte, il faut entamer le travail de compréhension. Cela passe par l’étude du vocabulaire coranique, des bases de la grammaire (nahou), de la conjugaison (sarf), des expressions courantes et des mots récurrents dans les livres religieux.
Shaykh Ibn Bāz a dit : « La langue arabe est la clé de la science. Celui qui veut la science doit accorder du temps à l’apprentissage de l’arabe. » (Majmū‘ Al-Fatāwā)
Comprendre sans parler, c’est déjà une victoire. La parole viendra, mais le plus important pour le musulman est de pouvoir lire un verset et en saisir le sens.
Enfin la parole : le fruit mûr de l’apprentissage
Parler arabe est un objectif noble, mais il ne doit pas être prioritaire pour un débutant religieux. Pourquoi ? Parce que parler sans comprendre n’est d’aucune utilité dans le dīn. Ce qui compte avant tout, c’est de comprendre ce que l’on lit, entend, ou récite.
Parler vient naturellement lorsqu’on lit, écrit et comprend. C’est le fruit d’un travail sérieux, pas une priorité artificielle. De nombreux étudiants arabisants parlent bien mais ne comprennent rien aux livres de croyance. L’objectif n’est pas la discussion mondaine mais la compréhension du Message.
Conclusion : l’ordre naturel voulu par la révélation
Quand Jibrīl ‘alayhi as-salām est venu avec le Qur’ān, la première révélation a été : اقرأ « Lis ! ». Pas « parle », ni « comprends », ni « écris ». La lecture est la première étape du savoir.
Puis l’écriture a été mentionnée dans la suite du verset : علَّمَ بِالقَلَمِ (« Il a enseigné par la plume » – Sūrate Al-‘Alaq).
Ensuite, avec l’accumulation de la révélation, la compréhension est venue. Et la parole du Prophète ﷺ est devenue claire pour ses Compagnons car ils comprenaient la langue.
C’est cet ordre que tu dois suivre :
- Lire
- Écrire
- Comprendre
- Parler
Avec sincérité, rigueur et invocations, Allah سوف يفتح عليك. Ne saute pas d’étapes. Avance sur le chemin de la langue du Qur’ān avec discipline et amour de la vérité.